lundi 8 novembre 2010

Poids et mesures

Mon rapport à ma masse pondérale comme certains disent, plus simplement à mon poids, a toujours été un peu particulier. Non pas compliqué car c'est une question qui ne m'a jamais tracassé mais tout de même lié aux moments que je vivais.


Ainsi, lorsqu'en 1971 je débarquai à Lyon j'emmenai avec moi de ma Loire natale mes presque 80 kilos de chair fraîche. J'avais dix-huit ans passés, un appétit débordant pour tout ce que la vie pouvait offrir de bien à ma bouche, et je ne parle pas seulement de nourriture. Âge doré, âge facile, qui fut pour moi gâché par la mort de ma petite sœur et la solitude que je découvris à Lyon. Un an plus tard, j'étais descendu à 64 kilos. La vie de patachon que je menais alors y était aussi pour beaucoup. Mais vingt ans, c'est encore un âge où l'on se sent immortel et, paradoxalement, maudit.

Ma rencontre avec Pierre me fit reprendre quelques kilos. Il cuisinait bien, je me laissais vivre. Je pouvais manger tout et n'importe quoi, jamais je n'étais ce que l'on appelle gros: pas de ventre, la peau ferme et la fesse dure. On croit que l'on va conserver cela toute sa vie, que la chute des chairs, cela ne concerne que les autres: belle illusion! Pourtant, pendant très longtemps,, je suis passé à travers les gouttes: je restais indéfectiblement mince. Atavisme familial sans doute.

Je repris des kilos, comme tout le monde, chaque fois que j'arrêtais de fumer. La mort de Pierre, elle, me fit fondre, même si elle fut suivie de peu par mon sevrage en nicotine. Je m'étais mis aussi à la course à pied, comme défouloir d'abord, comme bonheur ensuite. Résultat: je renouai avec les soixante et quelques kilos. Quand on sait que ma taille est de 1m83, cela ne faisait pas beaucoup, d'autant que je ne mangeais quasiment plus de viande. Un rappel à l'ordre virulent de mon médecin généraliste remit les choses en ordre.

Cet avertissement du médecin concernant ma santé a correspondu avec, chez moi, une prise de conscience d'une certaine volonté de ma part de me punir, de me faire du mal. De quoi, inconsciemment, me rendais-je coupable? Petit à petit, et grâce à des amis comme Frédéric et Jean-Claude, j'ai retrouvé la joie de la bonne chère et de me faire plaisir, qui, immédiatement, se rendit visible tout autour de mon ventre par un très joli petit bourrelet, d'autant plus que l'état de mon dos m'interdisait de courir.

Aujourd'hui, peut-être parce que j'ai acheté un pèse-personne tout neuf tout moderne, je recommence à maigrir et j'en suis ravi pour ma ligne, pour mon dos, pour ma tête (enfin, ce qu'il y a dedans)! Avec l'âge, je fais davantage attention. J'ai appris à cuisiner (pas mal, selon les rumeurs) mais si je suis seul, je me contente de peu. Le plaisir est d'autant plus grand lorsque les agapes sont partagées entre amis. Et, comme mon dos semble aller de mieux en mieux, il n'est pas inenvisageable qu'un de ces jours, je rendosse ma tenue de coureur!

Mais pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça? Valérie, ton idée d'une photo par jour est diabolique: on croit que l'on va s'en tirer à peu de frais, avec des broutilles et on se met finalement à parler parfois de sujets plus intimes alors qu'on ne l'avait pas prévu. Qu'on veuille bien m'excuser pour ce déballage! (Bon, en même temps, si je ne voulais pas....)

14 commentaires:

  1. Y a même des fois, que Calyste est obligé de se pencher pour lire son poids, c'est pas toujours évident vu d'en haut !

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  2. moi aussi m'étais offert un pèse-bestiau...

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  3. mais depuis j'ai appris à m'en servir....

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  4. j'avais perdu du poids sans effort (et sans le vouloir mais c'était bien) les quelques années où j'ai vécu plus ou moins seul. J'avais beaucoup moins d'activité physique (plus de jardin) comme quoi c'est le régime alimentaire qui prime..

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  5. Oui, le (sur)poids est pour moi un problème, et pourtant je me surveille et ne fait pas n'importe quoi. Mon alimentation a en revanche toujours été à peu près saine, même quand je vivais seul. Certains, en cas de solitude dépriment et gossisent pas mal en mangeant n'importe quoi. Pas forcément facile tout ça. Mais l'essentiel, dans tous les cas de figure, c'est de retrouver du goût et un équilibrage que peut procurer les amitiés ou l'amour.
    Bonne continuation.

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  6. Pas de pèse-bébé chez moi, j'évalue l'état de la bête d'après la bonne ou la mauvaise volonté du bouton du jean. Comme je rassasie très vite, même si j'adore cuisiner et manger, que je fais des longues randos et que j'ai arrêté d'arrêter de fumer, ça va, je rentre dans mes fringues.

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  7. Oui, eh ben Lancelot, y ferait mieux de jouer à autre chose! :-)Des Piergil, y en a qu'un (c'est pour ça que je ne mets pas de "s"!)

    Laauco....mbien tu pèses?

    Karagar et Cornus: la réaction de chacun dans son corps et dans son poids est vraiment personnelle. Certains grossissent quand d'autres maigrissent pour les mêmes raisons. Pour finir par une pensée profonde (!), l'essentiel, c'est d'être bien dans et avec son corps, quel que soit le poids de ce corps.

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  8. Je ne t'imagine pas une minute empâtée, Karregwenn. "T'imaginais", parce que maintenant j'ai vu des photos sur ton blog ou d'autres, amis, qui ont confirmé mon intuition.

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  9. Jolie, Cornus, la petite photo qui accompagne tes commentaires!

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  10. Voila un objet que je déteste, pourtant j'ai la même !

    Chez moi le (sur)poids c'est un combat quotidien... que j'ai perdu il y a fort longtemps. Je tente chaque jour de me réconcilier avec mon corps... mais surtout avec mes complexes ! Et c'est dans le regard de mon compagnon que j'y arrive, même si parfois c'est insuffisant.

    Ce matin je me dis haut les cœurs, mon esprit va bien lui !

    PS : merci pour la bise reçue :-)

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  11. Comme Erin hélas, et j'aime tellement manger :(

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  12. Une photo de Cornus sanguinea, Calyste ! Mais je reconnais qu'elle est difficilement reconnaissable.

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  13. Calyste!! en 20 ans de combats acharnés j'ai dû perdre une bonne centaine de kilos! et un jour un toubib m'a dit: on a tous un poids d'équilibre. il faut juste ne pas le dépasser! Et depuis je flirte avec les marges!!!

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  14. Erin et Valérie: ne serait-ce pas un peu de coquetterie féminine de votre part?

    Cornus sanguinea ? Alors là, tu m'éclaires, Cornus!!!! :-)

    Moi aussi, Charlus, j'aime de plus en plus flirter!!!

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