vendredi 23 juillet 2010

Détruire, dit-il

A grands coups de marteau, de burin, à mains nues, j'ai ce matin démoli les parois de la petite pièce que les anciens propriétaires avaient convertie en cabine de douche. Travail fatigant, certains muscles mis à l'épreuve aujourd'hui n'ont pas l'habitude de travailler. Derrière les carreaux de faïence et les épaisses plaques de polystyrène qui garnissaient les murs, j'ai retrouvé la paroi d'origine, imprégnée d'humidité, aux relents de moisi, abîmée par des ouvriers trop pressés ou peu scrupuleux de ce qui ne se voit pas. Avant de s'en servir comme buanderie, il faudra réparer tout ça, l'assainir. C'est bête à dire mais j'étais presque content en les voyant apparaître, que ses murs respirent enfin, après plus de vingt d'obscurité moite.

Pourtant, en maniant les outils destructeurs, j'éprouvais un plaisir certain à casser, à démolir, à abattre. Je l'ai constaté plus d'une fois: je ne suis pas un bâtisseur. C'est la même chose avec la terre: j'aime arraché la mauvaise herbe, débarrasser un mur du lierre qui l'a recouvert, brûler orties et chardons. Mais planter des légumes ou même des fleurs ne m'intéresse guère. Je pense que cette attitude d'Attila me vient d'une éducation qui a toujours brimé en moi la violence et la sauvagerie qui m'étaient naturelles et il faut bien qu'elles ressortent sous ces formes anodines pour permettre au gentil monsieur bien élevé de toujours tenir correctement son rôle dans une assemblée.

9 commentaires:

  1. Essaye le sexe... je dis ça, je dis rien héhé

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  2. Ah c'est incroyable ce que tu dis là de la destruction, comme je m'y reconnais ! Dans mon ancien terrain, j'ai rageusement détruit la ronce, l'ortie, la fougère et le chardon (2000 m2 quand même !), j'y ai mis une énergie folle et pris un grand plaisir et puis...et puis rien, ou presque. Comme si détruire épuisait mon besoin d'agir. Pour me consoler je me dis que mieux vaut démolir des ronciers que des humains, quand même!

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  3. Bonne idée, Nicolas! Tu as des adresses?

    C'est comme dans Vendredi ou les Limbes du Pacifique, KarregWenn. On déplace la violence sur un autre objet. Mais est-ce réellement efficace? Moi, j'ai parfois encore envie de taper sur quelqu'un!

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  4. Interessant cette remarque sur l'esprit destructeur... Ne ressentons-nous pas tous ce plaisir d'une violence canalisée? Vestiges d'instincts? En tout cas, si j'aime mettre toute ma violence à arracher, déraciner, débrousailler, j'aime d'autant plus le geste précautionneux de la plantation qui suit...

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  5. Ce côté "plantation", je le trouve dans mon travail d'enseignant, Karagar.

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  6. Moi, c'est presque à regrets que je détruis (en principe), mais je n'en suis pas moins destructeur. Il y a 15 jours aujourd'hui, je me suis exercé avec la nouvelle débrousailleuse de mon père.

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  7. Et planter, quand même, ça m'est essentiel (sauf quand je repiquais des dizaines et des dizaines de salades ou de poireaux dans le jardin de mon père).

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  8. Et moi, j'aime regarder les gens détruire, ou rebâtir, arracher, ou replanter, vautré sur mon transat, en sirotant un cocktail, au soleil.

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