Bon, bien sûr, hier : l'été, la fête de la musique. Mais aussi, à ne pas oublier, le 2236° anniversaire de la bataille du lac Trasimène. Ça ne vous dit rien ? Et si j'ajoute Hannibal, les éléphants, les Alpes, ça revient ?
Le carthaginois surprit les romains en empruntant cet itinéraire pour le moins inattendu pour prendre à revers ses ennemis qui le guettaient plutôt sur les routes du sud. Résultat : une raclée mémorable pour les légions du consul Flaminius. Pour Hannibal, Rome était à portée de main mais, n'ayant pas d'appareil de siège, il préféra attendre et perdit finalement la deuxième guerre punique en Tunisie actuelle, à Zama. Mais ce jour-là, il avait tout de même fait 10 000 prisonniers romains et sur 40 000 hommes, seuls 6000 échappèrent au massacre.
Célébrer un massacre, quel qu'il soit, n'est pas trop dans mes habitudes. Mais je dois avouer que j'ai toujours penché pour les carthaginois qui avaient le malheur d'être la deuxième puissance du monde méditerranéen à l'époque.
Et puis je me souviens : Pérouse, 1981, la rencontre d'un bel italien, ancien mannequin puis professeur de lettres classiques, comme moi. Nos rendez-vous devant l'église San Angelo (V°-VI°) sur les hauteurs de la ville, les nuits d'été, plus fraîches que les journées de l'Ombrie, la tendresse de l'air et les cyprès, au loin les lumières d'Assise. Le bonheur à l'état pur. J'étais jeune, il était jeune, nous nous convenions à merveille.
Un soir, il se fit mystérieux :
- Monte dans ma voiture, je t'emmène.
- Mais où allons-nous ?
- C'est une surprise.
Nous descendons de la vieille ville haute. En bas, les zones industrielles, aussi laides de nuit que de jour, plus inquiétantes encore peut-être. Le voyage se poursuit. Une appréhension m'envahit : je le connais peu finalement. Puis-je avoir confiance en lui ? Il ne dit toujours rien mais pose la main sur mon genou et m'embrasse parfois dans le cou. Comment résister ?
La réponse à mes questions, je l'ai en descendant de voiture : devant moi, Castiglione del lago et le lac Trasimène ! Quoi d'étonnant pour deux professeurs de latin ? Une terrasse au bord de l'eau, une birra alla spina. Nous nous tenons tranquilles (nous nous rattraperons sur la route du retour). Alors, maintenant, lorsque j'entends Trasimène, ce n'est pas le fracas des armes que j'ai dans l'oreille mais le clapotis des eaux contre le bord et l'éblouissement des mots tendres prononcés en italien.
Lorsque j'ai dû rentré en France, la dernière fois que je l'ai vu, il m'a offert un disque : Malinconia. Ce que j'écris aujourd'hui prouve qu'il avait choisi le bon titre....
Quelle histoire ! Quel romantisme !
RépondreSupprimerCornus : effectivement de très bons souvenirs de cet été que j'ai toujours dit être la plus belle période de ma vie (pour l'instant).
RépondreSupprimerah dommage que je n'aie eu connaissance de cette église, qui me plait beaucoup, j'aurais été la visiter...
RépondreSupprimerKaragar : étonnamment, aucun souvenir de l'avoir visitée. J'avais sans doute l'esprit ailleurs....
RépondreSupprimer