mardi 31 mars 2009

Comme le temps passe...

Encore une journée qui a filé sans que je m'en rende compte.

Ce matin, Isabelle m'a apporté les bulletins trimestriels que je devais remplir après le conseil de la classe dont je suis le professeur principal. Pendant que j'apposais mes pattes de mouches au bas de ces pages et que cuisaient sur le gaz quelques légumes à la vapeur, elle m'entretenait des nouvelles du collège. Élèves en pleurs, collègues en profonde détresse, directeur aux abois, parents en berne: je ne suis pas là. Comme il est doux d'entendre de tels propos, même si l'on en croit pas un mot (ou presque). D'ailleurs les coups de téléphone ont succédé aux mails, sans cesser, depuis deux jours. Je me suis même retrouvé à un moment avec un interlocuteur sur ma Ligne France Télécom., un autre sur Free et le troisième sur le portable. Vive le progrès!

J'ai profité de sa voiture pour aller à mon rendez-vous chez l'urologue, à l'Infirmerie Protestante, non que je sois particulièrement protestant mais parce que c'est là que je me fais soigner. Peu d'attente bien que mon rendez-vous ait été pris en surnombre. A peine le temps d'entamer le roman japonais que j'avais emporté au cas où. Sortie une demi-heure plus tard avec, devant moi, un avenir plus plaisant que prévu: la sonde sera enlevée vendredi matin et je dois revoir l'urologue vendredi soir. Trois jours à attendre au lieu d'un mois. Espérons que madame ma vessie acceptera ce jour-là de fonctionner correctement!

Il faut dire que je m'habitue mal à ma laisse. Si la nuit, elle ne me gêne en rien pour dormir, c'est une tout autre musique la journée. Essayez simplement de prendre une douche normale avec ce fil au bas du ventre: il faut penser à tout, où l'accrocher, quand la décrocher, comment se pencher, se savonner, s'essuyer, comment ne pas oublier qu'elle est là et ne pas se précipiter pour répondre au téléphone. Il faut la cacher sous l'ample pantalon de jogging quand on sort dans la rue, en espérant ne pas être bousculer, il faut mesurer son pas, en envergure comme en rapidité. C'est là que l'on se rend compte du bonheur que l'on connaît sans même s'en apercevoir quand rien ne se détraque.

En revanche, je suis à la lettre le conseil du médecin de garde des urgences. Cette femme d'origine méditerranéenne, d'une bonne cinquante d'années, très douce et, pour moi, très belle avec son visage mélancolique, m'a, avant de me laisser partir, et ce avec un petit sourire complice, bien recommandé de "ne pas trop me la tripoter". Elle parlait de la sonde, bien sûr, what else?

Le reste? Sieste rapide, visite quotidienne chez le pharmacien, achats de denrées alimentaires au magasin le plus proche, recherche d'un cabinet d'infirmières, téléphone à leur répondeur pour qu'elles me contactent, visite à ma mère pour soulager ma sœur qui donne beaucoup en ce moment.

En fin d'après midi, sur l'écran de mon téléphone portable apparaît un numéro inconnu. C'est le cabinet d'infirmières qui me rappelle pour confirmer le rendez-vous de vendredi matin, comme convenu avec leur répondeur. Mais la personne qui me parle en direct a une voix beaucoup plus chaleureuse que la machine, beaucoup plus humaine, douce et profonde et en plus, c'est.....un infirmier. Je ne sais pas pourquoi, je l'imagine jeune, beau, tendre, souriant, sensuel, câlin, bien fait de sa personne, sentant le sable chaud sous sa blouse blanche entrouverte d'où émerge un nuage de poils annonciateurs d'une toison fournie. Je suis prêt, en imagination, à me lancer déjà dans la plus fleur bleue des aventures de la collection Harlequin, moi dans le rôle de l'être à la dérive (pas autant que ça tout de même), lui en sauveur amoureux de ma faiblesse. Bon, enfin! Attendons vendredi! Je vous raconterai, si vous êtes sages!

7 commentaires:

  1. Bon, je vois que tu as le moral. C'est déjà ça !

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  2. Oui, Olivier, et j'espère bien le garder. Le soleil y est aussi pour quelque chose, comme chez toi!

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  3. Un ami aphone s'inquiète avec moi...Nous pensons bien à toi !

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  4. Je pensais que les bulletins trimestriels papier avaient disparus depuis années. Je vois que certains établissements font de la résistance. Je revois encore dans un de mes anciens lycées les piles en vrac de classeurs en salle des profs dans lesquelles il fallait chercher sa classe. classeur qu'on retrouvait évidemment sous le coude d'un collègue qui n'avait pas fini de le remplir. Merci l'informatique d'avoir allégé cette corvée avec la saisie des notes et commentaires en ligne depuis chez soi!

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  5. Merci, Petrus.

    Non, Zeus. Nous aussi nous en sommes à l'informatique. Mais le prof principal, après le conseil, remplit un bilan pour chaque élève, en bas du bulletin informatique et nous sommes un certain nombre à vouloir le faire à la main, pour "humaniser" un peu.

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  6. Mon Dieu que cette description de l'infirmier était émoustillante...

    Concernant le remplissage ds bulletins par informatique, tranquillement depuis chez soi, je m'en réjouissais aussi jusqu'au jour où une collègue m'a dit "ben oui, c'est bien, mais ça a un inconvénient énorme : on ne nous voit plus non plus travailler sur ça et ça en rajoute à la légende selon laquelle les profs ne foutent rien." Pas faux pas faux...

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  7. En plus, on ne découvre que le jour de l'impression les commentaires, souvent répétitifs, au mot près.

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