Hier, j'ai pris. Aujourd'hui, j'ai donné.
A la cantine du collège hier, m'apercevant que j'avais par erreur emporté deux desserts, un chocolat liégeois et une orange, je me suis empressé d'en reposer un sur le présentoir. Au cours du repas, je découvre sur mon plateau une orange et... un chocolat liégeois.
Perplexité! Sans doute, avec la fatigue intellectuelle accumulée ces temps-ci, ai-je seulement eu l'intention de le restituer, ce chocolat. Comme il était bien tentant, et que visiblement, j'avais besoin d'un remontant, je l'ai mangé, sans autre forme de procès.
Quelques minutes plus tard, j'entends ma voisine, une enseignante d'un établissement proche avec qui nous partageons le self, s'exclamer: "Mais qu'ai-je fait de mon dessert?". Vous avez compris? Trop tard pour le rendre, bien sûr. Et, en plus, il n'y en avait plus en vitrine. Inutile de vous décrire ma gêne et ma honte. Tous les autres étaient pliés de rire. Je crois que je vais en entendre parler longtemps. Comme l'épisode de la photocopieuse. Mais non, pas aujourd'hui. Promis, une autre fois, si Tef ne vend pas la mèche avant! J'ai proposé une orange à la dame. Elle a bien voulu l'accepter mais, à sa tête, j'ai bien vu qu'elle regrettait son chocolat.
Aujourd'hui, j'ai voulu faire plaisir à J. Comme hier soir, j'avais particulièrement apprécié de terminer mon repas par une tranche (ou deux!) de pain d'épices pomme-cannelle avec carreaux de chocolat au lait (je sais: ça n'est pas très recommandé pour un sportif, mais ça tombe bien, en ce moment, je ne cours pas. Alors, on ne va pas se priver de tous les plaisirs, tout de même!), comme, disais-je, j'avais bien apprécié, j'en ai emballé la dernière tranche et le même chocolat dans du film plastique et du papier d'aluminium et je suis parti avec, ce matin. Heureusement, il ne fait vraiment pas chaud.
Quand j'ai retrouvé J. au parc, je lui ai offert le petit cadeau. Il a d'abord eu l'air surpris mais il a dû aimé: il n'en a pas laissé une miette. D'ailleurs, j'ai bien vu que ses yeux riaient! Comme la pluie arrivait, nous nous sommes abrités sous le préau de Guignol, désert à cette heure-là comme presque tout le parc. Un vieux pigeon un peu groggy et unijambiste est venu sans façon nous rejoindre sur le banc. J'ai aimé ce moment: j'ai pensé à deux copains qui, après l'école, s'isolent pour s'échanger des billes ou partager leurs secrets. Deux petits garçons grandis trop vite. Quand la pluie s'est arrêtée, nous avons laissé le pigeon à sa mélancolie et nous sommes repartis chacun vers le travail qui nous attendait.
Je rachèterai de ce pain d'épices: il est trop bon!
bin alors ? vous les avez sorties vos billes?? ;-))
RépondreSupprimerJ'aime énormément ta délicatesse ; que ce soit chez les hommes ou les femmes, cette capacité à déguster les moments infimes - et puis à les partager - est précieuse ; j'apprécierai grandement de t'avoir comme collègue ; je me contente de t'avoir comme correspondant virtuel :)
RépondreSupprimerLà, Piergil, tu es trop indiscret!:-)) Et puis, il y avait le pigeon et son œil torve (ou concupiscent?)!
RépondreSupprimerJe suis touché par ce que tu m'écris là, vraiment. Merci, Shakti. Je suis aussi très heureux de te "connaître", par blogs interposés. Ne regrette pas trop de ne pas m'avoir comme collègue "réel": certains jours, je peux être chiant!
Si ca peut te rassurer, je me suis acheté un ballotin de chocolats, alors...
RépondreSupprimerC'est étrange, cette histoire de chocolat, je ne suis pas certain d'avoir vraiment compris.
RépondreSupprimerTe souhaite un excellent week-end, entre chocolat et fenêtre !
Suis-je rassuré? En fait, même pas angoissé: c'est trop bon.
RépondreSupprimerMerci, Nicolas. De même.
C'est une très belle attention que de garder un part de gâteau pour une personne que l'on aime, avec qui on a rendez-vous et que l'on attend avec impatience. Moi ça me touche toujours beaucoup quand on m'a réservé quelques gourmandises, confitures, terrine de foie gras maison ou même tout simplement de la soupe de légumes du jardin. Je préfère souvent ce "cadeau" à un livre ou un CD. Et partager une agape, c'est donner au coeur et au corps.
RépondreSupprimerSerais-tu du style à toujours avoir des bonbons dans tes poches pour les autres ? :)
RépondreSupprimerOui, très jolie, l'histoire du pain d'épice partagé sur un banc sous la pluie avec le pigeon unijambiste qui réclamme sa part... On croirait visualiser une photo de Robert Doisneau !
RépondreSupprimerMais j'ai pas réussi à comprendre comment le chocolat de la collègue de l'autre lycée avait bien pu se retrouver sur TON plateau....?
C'est votre sensualité qui parle, Anna.
RépondreSupprimerBien sûr, Olivier, et un grand imperméable aussi, qui s'entrouve quand je (le) désire!!!!
Je n'avais pas pensé à Doisneau, Lancelot, mais j'avoue que ton idée me fait grandement plaisir: c'est un photographe dont j'aime beaucoup l'univers. Pour le chocolat, je ne comprends pas non plus.