samedi 29 juin 2013

Reprise des activités

A noter que j'ai rouvert l'accès aux commentaires aux "anonymes" tant cela gênait certains d'entre vous. En espérant que les autres, les indésirables, m'auront oublié!

Full Service

Quel drôle de livre ! Scotty Bowers, petit gars de l'Amérique profonde,  après son service dans les Marines, a trouvé un emploi dans une station service à Los Angeles. Sa rencontre avec Walter Pidgeon va l'introduire dans le milieu très particulier des stars de cinéma des années 40 et 50 à Hollywood.

C'est de cette époque, où il organisa nombres de parties "fines", et des décennies suivantes (jusqu'aux années 80) qu'il livre les secrets les plus intimes. Et l'on en reste parfois un peu pantois ! Tout y passe: préférences sexuelles, goûts particuliers, "perversions" de toutes ces vedettes ainsi que de ceux qui les entourent: réalisateurs, scénaristes, décorateurs, costumiers...

Pour quelqu'un qui connaît le cinéma, c'est passionnant ! Je ne reverrai sans doute plus les films de la Paramount ou de la MGM de la même manière maintenant, tant Bowers confie de secrets sur Tyrone Power, Eroll Flyn, James Dean, Cary Grant, Spencer Tracy, Charles Laughton (gratiné, celui-là!), Raymond Burr ou Katharne Hepburn, entre autres. Viennent s'y ajouter quelques épisodes nous montrant par exemple Edith Piaf, J-E Hoover ou même le duc et la duchesse de Windsor. en situation "ambiguës". A tel point que parfois l'on en vient à douter de la véracité de ces souvenirs, tant c'est surprenant.

Deux petits reproches cependant: l'accumulation de révélations  tout au long des 300 pages finit par ne plus atteindre son but: surprendre. Et la traduction est parfois faite dans un français à la syntaxe plus qu'approximative.

( Scotty Bowers, Full Service. Ed. Hugo.Doc. Trad. de Christian Séruzier.)

Et ça marche !

Merci, Gonzo, pour tes conseils qui étaient les bons! La preuve: ça marche avec et sans wifi. Merci, Stéphane, encore une fois, pour l'installation. Juste un problème: on a complètement oublié de réinstaller Google reader. J'ai donc perdu tous mes mails via le blog.

Après avoir écrit ces trois lignes, j'ai essayé de m'ouvrir un autre compte. Résultat: j'ai écopé de 40 mises à jour, soit une bonne demi-heure de patience.

De retour pour vous dire que, dans l'état actuel des choses, je n'ai plus de compte pour mes mails du blog. Alors, il faudra patienter pour m'écrire. Mais les commentaires sur les billets sont toujours les bienvenus!

Encore désolé, Gonzo, de ne pouvoir te témoigner ma gratitude ailleurs qu'ici même.

jeudi 27 juin 2013

Comment fait-on pour le rater ?

Encore une fois, les épreuves de français du Brevet m'ont sidéré par leur facilité. Ainsi, les acquisitions de quatre ans d'études secondaires se résument à ça ?

Pour les questions, sur un texte de Gaudé (Le Soleil des Scorta), on va s'amuser à la correction ! La plupart du temps, elles induisent de la paraphrase ou du verbiage, simplement pour voir s'ils ont bien compris le texte, ce qui serait la moindre des choses. La grammaire est pratiquement absente et les deux questions la concernant sont d'une simplicité déconcertante.

La réécriture consistait à reprendre quelques phrases et à les transposer de la première personne du pluriel à la troisième. Et pour que ces charmants ados ne risquent pas de se tromper, on leur avait rajouté entre parenthèses: de "nous" à "ils" !

La dictée, un peu plus longue de d'habitude, ne comportait pas de réelles difficultés.

La nouveauté de cette année, c'était le choix, pour l'épreuve de rédaction, entre deux sujets: une suite du texte ou un développement argumenté et organisé. La plupart ont choisi la suite de texte. Alors que le programme de troisième porte essentiellement sur l'argumentation. Et, comble de l'outrecuidance, on exigeait, pour l'un comme pour l'autre, une cinquantaine de lignes ! Il fallait voir leur tête à la lecture de cette consigne.

Bon, allez, assez râlé. Reste plus qu'à corriger ! Et sans doute, comme à l'ordinaire, on va nous demander d'être conciliants !

mercredi 26 juin 2013

Yearbook

Il est né, le divin enfant! Non, non, je n'ai pas perdu la raison. je sais bien que Noël est encore loin. Je parle du Yearbookqui tient tant à cœur à ma "chère" directrice. Cher serait mieux employé pour le yearbook lui-même, tout en papier glacé et en couleurs, offert à tous les élèves qui quittent le collège cette année.

Qu'est-ce qu'un yearbook ? Une idée américaine encore, madame ayant séjourné longtemps aux États-Unis et considérant tout ce qui se fait là-bas comme le summum du raffinement et de la culture. C'est un récapitulatif de toutes les activités proposées aux élèves et vécues par eux au long d'une année. L'an dernier, j'avais proposé le travail de BD effectué par un de mes élèves de cinquième. On m'avait répondu qu'on avait oublié de me prévenir que la réalisation du book était reportée à cette année. Inutile de dire que, dans ces conditions, je n'ai pas renouvelé l'expérience, sachant comme il est décevant pour des élèves de ne pas voir leur travail pris en compte.

D'ailleurs, très peu d'élèves ont participé volontairement cette fois-ci à la réalisation de ces "annales". Le travail a essentiellement été fait par le directrice elle-même et la documentaliste. La matière "anglais" y tient évidemment une place prépondérante. Je ne vois pas en quoi ces pages constitueront un souvenir impérissable pour ceux qui ne seront plus là à l'avenir. Il me semble (et d'anciens élèves me l'ont confirmé) que les dossiers que nous leur faisions rédiger après les voyages en Grèce et en Italie étaient autrement plus intéressants et leur tenaient plus à cœur. Mais peut-être fais-je preuve d'immodestie.

Cher donc, ce yearbook et cela est d'autant plus choquant que des salles ne sont pas repeintes depuis des lustres, que je n'ai jamais vu, en 34 ans, un seul coup de pinceau dans l'escalier principal, que la salle des profs manque cruellement d'ordinateurs à la hauteur, que cette même salle des profs se transforme en hiver en cave sous éclairée tant la lumière y est chiche, et tout à l'avenant.

Un seul point positif à cette réalisation: son titre, proposé par un élève de quatrième: "303 jours sous les arcades". Moi, ça me plaît parce que ça évoque bien le collège.

mardi 25 juin 2013

De la nostalgie, M'sieurs-Dames (4)

Peut-être est-ce uniquement parce ce que j'en comprenais les paroles que j'aimais cette chanson.


Words. F-R David (1982)

Merci, Stéphane !

Acheter un ordinateur n'est pas de tout repos! D'abord roder dans trois ou quatre magasins pour essayer de se faire une idée, de comparer ce qu'il m'est, à moi, très difficile de comparer. Ensuite essayer de comprendre quelque chose à ce que disent les vendeurs "spécialisés": ces gens-là parlent une langue dont je n'ai pas encore décrypté toute la syntaxe.

Heureusement, Stéphane était avec moi et a pris le relais quand, décidément, je me montrais trop stupide. J'ai finalement opté pour un portable Asus de 17" auquel j'ai rajouté une souris sans fil,  une sacoche et une imprimante, la mienne étant vraiment trop ancienne (les cartouches d'encre correspondantes n'existent même plus, et j'ai dû, la dernière fois, les faire recharger dans une petite boutique.). Il a fallu aussi acheté le Pack, qu'autrefois on pouvait obtenir pour beaucoup moins cher grâce à un contrat passé avec l’Éducation Nationale. On peut dire que la carte bleue a chauffé!

De retour à la maison, Stéphane s'est lancé dans l'installation mais problème: l'ordinateur ne reconnaît pas ma box: aucune de celles proposées ne correspond à celle que je possède. Alors, pour l'instant, je me sers encore de mon char d'assaut. De toutes façons, il faut encore que je vide certains fichiers, que je fasse du tri et que je transfère plusieurs sites où je vais. On ne peut pas tout faire en un après-midi. J'ai pris la précaution, cette fois-ci, de noter la nouvelle façon de procéder (oui, bien sûr, ce n'est plus la même que la précédente!).

J'ai eu souvent, pendant ce temps, l'impression de me retrouver dix ans en arrière, lorsque cet appareil m'effrayait encore. Ce qui me rassure, c'est que, depuis, je m'y suis fait, et plutôt pas trop mal. Alors, pas de raison que je ne m'habitue pas aussi cette fois-ci.

Ce qui m'embête beaucoup plus, c'est que Google reader va s'arrêter au 1er juillet. Ainsi plus de liste de commentaires visible (c'est surtout intéressant pour des commentaires envoyés sur des billets anciens, car les autres, je les vois facilement). Stéphane m'en a fait une sauvegarde en attendant de trouver un autre hébergement. Mais a-t-il fait aussi la sauvegarde des mails que je reçois par le même canal ? J'ai oublié de lui poser la question. Or ces mails, pour la plupart, ceux que j'ai conservés, j'y tiens beaucoup. Il y a là l'historique des liens que j'ai peu à peu tissés avec certains blogueurs (ou simples lecteurs de mon blog) et je ne voudrais pas les perdre.

lundi 24 juin 2013

On brade

Dans ma liste précédente, il faut déjà effacer le premier tiret. Les livres rendus, chaque classe a organisé une petite fête, très perso pour les cinquièmes, mais ça, je m'y attendais. La prof de musique avait eu la délicieuse idée de leur faire apprendre "Adieu, monsieur le professeur", qu'ils ont entonné sans grande conviction. Ça tombe bien, je déteste cette chanson. J'ai donné à certains qui les voulaient de vieux livres de poche que j'avais engrangés dans on placard. L'un des élèves, dyslexique et qui n'aimait pas lire en début d'année, m'en a pris quatre. Touché, le vieux prof.

En revanche, avec les sixièmes, ce fut une autre ambiance: ils m'ont d'abord demandé si je faisais cours de français. Charmants, ces petits! Devant ma réponse négative, ils ont tenu à présenter les derniers livres dont la lecture leur avait plu. Puis un petit poème et des applaudissements. Mais la cerise sur le gâteau, ce fut à la sortie du cours. Le couloir rempli d'élèves, de surveillants, de profs qui tous ont failli me faire venir les larmes aux yeux par leurs manifestations de tendresse et d'attachement, qui à crier, qui à scander mon nom, qui à improviser quelques danses de sauvages (et les adultes n'étaient pas les derniers!). Je m'en suis sorti comme j'ai pu, en faisant le pitre comme d'habitude.

Après ? Après, ce fut plus dur: vider les derniers placards, retrouver des panneaux fabriqués tout au long de ces nombreuses années (que de boulot, tout de même), voir émerger du fatras des photos d'anciens élèves, feuilleter d'antiques nouvelles policières de l'époque où je tenais un atelier d'écriture, relire le programme d'un voyage à Rome que j'avais organisé mais où je n'étais pas allé à cause de la maladie de Pierre, en 2005.
Tout est parti à la benne, sauf une vieille carte d'histoire, pendant au bout de son bâton, qui situe les cathédrales gothiques en France. Que vais-je en faire?

Et puis la redescente vers le centre ville, ce chemin que j'ai pris tant de fois, sans pourtant manquer chaque jour de m'extasier sur la beauté de Lyon vue d'en haut. Ce soir, avec le soleil un peu voilé, je l'ai trouvée encore plus belle. Ce panorama va me manquer. Bientôt, ce sera de l'histoire ancienne.

En prenant les élèves sur la cour, en début d'après-midi, j'ai senti mon cœur se serrer: jamais plus je ne verrai les rangs plus ou moins informes devant le numéro des salles, jamais plus je ne monterai les longs escaliers du couvent en faisant en sorte qu'ils restent calmes, jamais plus surtout, je ne leur dirai ma phrase rituelle: "Allez, on y va!".

(Désolé si je vous ennuie avec ça,  mais, pour l'instant, c'est la seule chose que j'ai en tête.)

dimanche 23 juin 2013

Un dimanche à Caluire.

Un dimanche à Caluire, avec Frédéric, Jean-Claude et nos vieux. Une petite villa comme il y en a tant dans cette banlieue rendue célèbre par Jean Moulin.

C'était le Père Grandet qui recevait dans son jardin. Cette année, nous avons échappé au kir avec du sirop de cassis. A la place, un magnum de champagne, oui, mais de quinze ans d'âge (couleur madère; heureusement, pas le goût !). Le menu était le même qu'il y a deux ans: comment peut-on cuisiner aussi mal ?

Madame Grandet, en fin d'après-midi, eut un peu froid. Il faut dire, que, par dessus ses trente-cinq kilos d'os, il n'y a pas grand chose pour la protéger. Chaque fois que nous nous retournions vers elle, elle avait enfilé une couche supplémentaire de veste, de gilet, de châle, avant de se réfugier définitivement dans le salon.

Super Dupont fut, lui, exceptionnellement agréable: pas de paroles définitives (enfin, pas trop), pas de prise à partie, pas de colère contre les autres parce qu'il est sourd et nous pas (enfin, pas trop). Peut-être avait-il fait réviser ses appareils ? Et puis, il était heureux: il part demain avec sa femme-enfant pour les châteaux de la Loire.

Madame Bras-Croisés, en fin de repas, a débarrassé le couvert. Un événement dans notre microcosme. On ne l'a pas reconnue (enfin si, avec sa moustache...). Elle revenait de l'Ariège. "C'est beau, les Pyrénées!". A son précédent voyage, elle s'était perdue dans l'escalier de Chambord.

Le Marquis de Carabas était à l'autre bout de la table. Pas de surexposition aux décibels, donc. D'ailleurs, il m'a paru un peu éteint, et même complètement lorsqu'il s'est mis sur une chaise longue pour faire la sieste. Il nous avait annoncé qu'il voulait se baigner nu dans la piscine. Il ne l'a pas fait. Que de la gueule.

La Mère Cotivet a l'air heureuse depuis qu'elle a quitté son quatrième où elle est née pour un appartement au rez-de-chaussée. Solide comme un roc, après toutes les hospitalisations qu'elle a dû subir. Et bon appétit, toujours. Surtout quand il n'y a rien à payer.

Eh bien, je vais surprendre: ce fut une journée bien agréable, où j'ai perfectionné mon jeu de la belote. Et puis, il y avait de belles roses, deux magnifiques seringas en fleurs dont le maître de maison avait fait deux bouquets qui embaumaient les tables. Et puis, ne nous moquons pas: nous verrons bien comment nous serons, nous aussi, dans vingt ans.

Dans vingt ans ? Seulement ?

Liste

Que me reste-il ?
- Trois heures de cours (de cours ?) où les élèves vont rendre leurs livres
- Une matinée d'accueil des futurs sixièmes (pourquoi m'avoir mis dans le coup alors que je ne les aurai jamais en classe ?)
- La surveillance des épreuves du Brevet
- La correction des copies de ce même brevet
- Deux jours de réunions pédagogiques (je vais sans doute en tirer le plus grand profit!)
- Une soirée avec des amis choisis pour fêter mon départ
- Un apéritif dînatoire officiel
- Un vidage de placards, d'étagères, de casier...

Quel boulot ! (boulet ? sauf pour l'avant-dernier tiret)

Et puis, ensuite, bienvenue au club...

samedi 22 juin 2013

Honni soit qui mal y pense

 Oui, oui, oui....

Le Turquetto

Turquetto, en italien, ça veut dire "petit turc". Ça commence par un "t", comme Le Titien. Et c'est là que tout démarre.

En 2001, on découvre que la signature du portrait L'Homme au gant, propriété du musée du Louvre, et attribué jusque là au Titien, présente une particularité mystérieuse: Le "t" initial est peint en gris foncé, le reste du non (-icianus) en gris-bleu. Après analyse, on s'aperçoit, grâce aux pigments employés, que cette signature a été faite en deux temps, par deux artistes différents et dans deux ateliers distincts.

Metin Arditi se sert de cette découverte surprenante comme point de départ de son roman et nous raconte l'histoire d'un enfant juif de Constantinople, Elie Sorianio, qui, malgré les interdictions de sa religion et celles de ses amis musulmans, est fasciné par les portraits qu'il découvre dans les églises. Parvenu à joindre Venise, il y acquerra très vite, sous le pseudonyme de Turquetto,  une grande renommée de peintre: toutes les scuole lui passeront commandes et rivaliseront pour en posséder les plus grandes toiles. Jusqu'au jour où sa véritable religion sera démasquée et où il sera condamné à être pendu pour avoir offensé l'église catholique. La suite de l'histoire, je ne la raconte pas. Un seul tableau de lui sera sauvé de l'autodafé qui suivit sa condamnation et ce tableau, c'est justement L'Homme au gant.

Roman plaisant qui nous met en contact avec le monde du XVI° siècle, avec ses avancées prodigieuses et ses résistances d'un autre âge, avec ses modes artistiques et la complexité de ses rapports entre création et pouvoir.
(Metin Arditi, Le Turquette. Ed. Actes sud.)

Ma musique à moi

Mon dernier ci, mon dernier ça. Quelques jours encore et ça devrait passer. Ces derniers quelque chose, je les connais, je les nomme. Et j'ai pensé aujourd'hui à tous les derniers que je ne connais pas encore, dont je n'ai pas conscience parce que l'avenir, je l'ignore.

Retournerai-je un jour aux Arènes de Vérone écouter Aïda ou Samson et Dalila ? Aurai-je encore le plaisir d'y houspiller un allemand prétentieux qui voulait un gradin pour ses fesses et un autre pour ses pieds ? A la terrasse d'un café proche, saluerai-je encore la diva qui fait la surprise en recevant des roses ?

Rigolerai-je encore sous cape à l'opéra de Karlsruhe  en voyant les robes du soir improbables des bourgeoises de la ville aux énormes fleurs multicolores maculant une soie qui semblait pourtant de qualité ? Reverrai-je ce ténor qui chantait dans La Veuve joyeuse et avec qui j'avais passer la nuit, ce type à la beauté aryenne qui me fit me prendre un instant pour cette chère Arletty ?

Entendrai-je encore un concert dans la grande salle du Concertgebouw d'Amsterdam après avoir passé la journée à visiter les lieux de plaisir néerlandais où les hommes nus ressemblent à des dessins de Tom de Finlande, et à me souvenir de mon enfance lorsque je lisais Le Journal d'Anne Franck encore expurgé en pleurant comme une madeleine ?

Arriverai-je encore à avoir des places au Festival de Salzbourg à la dernière minute parce qu'il y a eu justement deux défections ? Y serai-je encore assis à côté de Patrice Chéreau, venu écouter du Mozart alors qu'il mettait en scène la Tétralogie à Bayreuth ? Et les gens de la rue admirant les festivaliers, de l'autre côté de la barrière coupant en deux la rue pendant l'entracte, les reverrai-je un jour ?

Aurai-je encore trop chaud tout en haut de l'Opéra Garnier où, d'une place achetée peu cher, j'avais une meilleure vue sur le plafond de Chagall que sur la scène où se jouait un opéra que j'ai complètement oublié ? A l'Opéra de Lyon, connaitrai-je encore l'émotion ressenti à l'écoute de l'Orfeo de Monteverdi quand, étudiant, je le découvris et passai ma soirée debout au poulailler ?

Connaitrai-je un jour toutes les places que je ne connais pas encore, Bayreuth, Milan, New York, et tant d'autres ... ?

La Fête de la Musique, ce soir, elle était dans ma tête.

mercredi 19 juin 2013

Goujaterie

Au buffet de fin d'année, hier soir, l'intendant qui prend également sa retraite et n'a jamais brillé par sa finesse, s'est dirigé droit sur une de mes collègues, une de celles auxquelles je tiens le plus et qui a dû, il y a quelques années, suite à un AVC, tout réapprendre (lire, écrire, marcher, se montrer devant les élèves), et lui a dit, tout de go, croyant sans doute ainsi lui montrer sa compassion:
- Vous alors, on peut dire que vous marchez de plus en plus mal!

Elle a été tellement interloquée qu'elle n'a pas eu immédiatement de répartie. Elle me l'a raconté après. J'en connais qui a eu de la chance que je ne sois pas dans les parages! Pauvre con!

mardi 18 juin 2013

Ça, c'est fait!

Grosse journée de travail puis, à peine sorti des conseils de classe, vite descendre dans la cour pour les discours de fin d'année. Comme je pars à la retraite, on me nomme et me remercie pour mon investissement (ce n'est que justice, ne serait-ce que pour les six ans passés au conseil d'administration à une période très difficile pour les établissements!). Mais que je n'aime pas traverser une cour sous les applaudissements! Reçu un bon cadeau à dépenser en librairie: ça tombe bien pour les vacances!

Je trouve de plus en plus tristes ces buffets de fin d'année: voir les autres vieillis à chaque rendez-vous, compter de moins en moins de présents, regretter des absences. Pourtant je sais que je ne couperai pas ce lien-là dans les années à venir, que je serai fidèle au rendez-vous. On ne peut pas se débarrasser aussi facilement de plus de trente années de sa vie...

Reste encore la "célébration" de mon départ au sein du collège, début juillet. Et puis vogue le bateau, sur de nouvelles eaux que j'espère sereines.

lundi 17 juin 2013

Un petit instant de bonheur

J'ai rentré mes dernières notes, j'ai rempli mes derniers bulletins; ce matin j'ai fait mon dernier "pôle" (cours à deux matières mêlées); demain, j'animerai mon dernier conseil de classe en tant que professeur principal. Bientôt, très bientôt, ce sera mon dernier cours.

Mais ce qui m'enchante le plus, c'est d'avoir corrigé mes dernières rédactions. A partir de maintenant, je ne lirai plus que ce que j'ai envie de lire!!!! Et youp la boum!!!

dimanche 16 juin 2013

Nanou

Au restaurant hier soir. La copine du patron s'appelle "Nanou". Je ne connais pas son vrai prénom, tout le monde l'appelle Nanou. Nous avons découvert cet endroit l'an dernier, avec Frédéric, dans un coin tranquille du Vieux Lyon, à l'abri des hordes de touristes qui s'empiffrent de lyonnaiseries sorties du congélateur. Dans ce quartier-là, maintenant, la tranquillité, c'est de l'or. Nous y étions allés une autre fois avec Jean-Claude.

Nanou, à notre arrivée, nous a reconnus et nous a gratifiés d'un "bonsoir, les garçons" qui résonnait de sincérité. Elle n'est pourtant pas très belle, Nanou, mais elle est mieux que ça: c'est Nanou. Pas très grande, la cinquantaine sans doute bien accomplie, elle a la voix cassée par les cigarettes, une de ces voix graves de femmes que j'adore. Elle porte sa vie sur elle, Nanou, et sa tendresse aussi. Elle est toujours habillée de noir, dans des robes qui la rendent encore sexy, elle est nature et ne s'embarrasse pas de chichi. Elle a accouchée de son dernier, de plus de vingt ans le benjamin, à quelques mois d'écart de sa fille, qui la rendait grand-mère.

En la voyant, je me demande toujours quelle a été sa vie, qui fut son premier homme, le père de ses deux aînés. Elle a l'air heureuse aujourd'hui et pourtant, on sent qu'elle a dû souffrir d'avoir trop aimé. Et ce que j'aime par dessus tout, c'est quand elle se penche sur moi et me fait un bisou dans le cou. On a de ces faiblesse, parfois...

(PS: au menu, ce fut foie gras maison, steak tartare, découpé au couteau, et gratin dauphinois.)

vendredi 14 juin 2013

Ivresse

Chaleur torride hier après-midi, plus de 30 degrés. Jusqu'à l'orage de fin d'après-midi: éclairs, tonnerre, vent violent, qui firent redescendre la température à 16. Aux Docks 4, on présentait la nouvelle C4 Picasso. Invitation à un cocktail dans ce restaurant branché de Confluence. Pluie à l'extérieur, chaleur moite à l'intérieur.

J'ai bu plus que de raison, parce qu'il faisait chaud, parce que, peut-être, je redoutais la cérémonie de ce matin qui me rappellerait trop celle qui eut lieu au même endroit pour la mort de Kicou: le corbillard arrêté devant l'entrée du lycée, les fleurs qu'on emporte dans la chapelle pour les disposer autour du cercueil.

L'ivresse me fit oser des folies dans le véhicule exposé, à l'arrière, avec les stores baissés. Une façon à moi de célébrer la vie, de m'exposer au danger et à l'interdit avec la seule personne qui pouvait me suivre dans cet égarement, le seul avec qui, dans mon ivresse,  je voulais m'égarer ainsi.

Le retour fut difficile, mais si le corps rechignait, mon cerveau, lui, connaissait le chemin et guidait mes réflexes. Et la rue était presque déserte. On dit qu'il y a un Dieu pour les ivrognes. Que n'intervient-il pas aussi pour les cyclistes ?

Que vont mes amis devenir ?

Ce matin, je ne me suis pas rendu au collège. On enterrait Agnès. La chapelle était pleine, foule recueillie auprès de sa famille. Certains ont retracé sa carrière, avec honnêteté et je m'en suis réjoui, sans en dresser un monotone panégyrique d'un seul bloc trop poli , sans cacher ce qui fit pour moi sa valeur, son humanité: la liberté de s'opposer et de le dire. D'autres ont parlé de l'amie, de celle qui avait été là quand il l'avait fallu. D'autres encore ont lu quelques-uns de ses textes, de ses "échappées" sur les routes, de ce qu'elle y aimait, jusqu'à la dernière, la semaine dernière, où elle finit dans les broussailles au bord du chemin.

Il y avait là de vieux collègues à moi, qui l'avaient bien connue et qui l'avaient aimée eux aussi. En les regardant, en les embrassant, je me suis mis à penser: "Qui sera le prochain ?", puisque la mort s'en prend déjà à ceux qui sont plus jeunes. Georges a soixante-dix huit ans, Françoise soixante et onze, Maryse combien ? Et les visages se marquent, les chevaux pâlissent, les dos se voûtent. Seuls, le sourire, la tendresse restent les mêmes. Je n'ai pas vu passer tout ce temps. Ce sont toujours les mêmes et pourtant, déjà, ils s'éloignent, avec un air de presque s'en excuser. Alors, j'ai marché, j'ai marché.

mercredi 12 juin 2013

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus).

Le Joueur d'échecs

La loi des séries ? Voilà plusieurs romans que je lis ces temps-ci et qui m'ont emballé, alors que parfois l'on traverse une longue période de vaches maigres. J'ai beaucoup aimé déjà, il y a quelques temps, Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, de Stefan Zweig. J'ai tout autant apprécié son Joueur d'échecs, devenu un classique aujourd'hui.

Même écriture fluide et classique, même construction du récit dans le récit, même grand art de dire des horreurs avec un style très aristocratique. Un inconnu, passager d'un paquebot reliant New-York à Buenos Aires, surprend le narrateur en battant aux échecs le champion mondial de ce jeu. A ce même narrateur, il racontera d'où lui vient toute sa science alors qu'il n'avait jamais joué une seule partie de sa vie. Et l'on est loin, au départ, de se douter de ce que l'on va lire.

Il va falloir que j'en parle à ma libraire qui m'avait dit ne pas avoir apprécié, elle, ce roman. Le prochain: Amok, peut-être...

(Stefan Zweig, Le Joueur d'échecs. LDP. Trad. de Brigitte Vergne-Cain et gérard Rudent.)

mardi 11 juin 2013

La servante

" Petite lumière discrète dans les entrailles obscures d'un théâtre déserté et silencieux, la servante veille. C'est ainsi qu'on la nomme. Elle veille sur le sommeil des coulisses, sur celui de la scène où les voix se sont tues jusqu'au prochain lever de rideau, sur l'immobilité des décors, la vacuité de la salle où le public a laissé derrière lui une traîne qui flotte au-dessus des fauteuils, une note suspendue, à peine audible, qui peu à peu s'évanouit."
( Michèle Lesbre, La Petite Trotteuse. Gallimard)

Le début du dernier chapitre du roman, intitulé Le Silence. Je me suis arrêté sur cette page, je l'ai lue et relue encore. Je viens de la relire à nouveau. Parce qu'elle m'évoque tant de choses. Lorsque j'emmène mes élèves visiter un théâtre, je sais que je la verrai allumée. J'entre toujours le premier dans la salle, pour profiter du moment de silence, pour sa faible clarté dans cet univers vide et pourtant rempli d'échos et de murmures: ceux des comédiens qui ont piétiné les planches, ceux du texte que l'on a lancé au public de l'autre côté de la rampe, ceux aussi de celui qui a écrit les mots et dont je crois toujours apercevoir le fantôme disparaissant, à notre arrivée, derrière le décor assombri. Moment de profanation, comme si l'on entrait chez autrui pendant son absence et que l'on découvre les mystères de son lit défait. Moment d'intimité parce que l'on est enfin chez nous.

Lumière rassurante et humble, feu sacré qui perdure jusqu'à ce que la vie reprenne. Elle me parle dans son silence et me dit la vie, les univers, le mouvement des comètes et les voix de l'ailleurs.

Petite spectatrice des mondes imaginaires, elle a quelque chose d'émouvant, parce qu'elle témoigne des riens ou des grands faits guerriers de ses armées mythiques aujourd'hui disparues, des amours emportées et des promesses de l'aube.

Elle me touche parce que je crois que j'écris ici pour la même raison qu'elle, elle éclaire: garder la vie encore un peu, ne pas laisser gagner les ténèbres, raconter, raconter, à qui veut bien l'entendre, à soi même parfois, à soi même surtout, la vie qui passe, les plaisirs et les jours.

lundi 10 juin 2013

Des fleurs (13): le coquelicot



Le myosotis et puis la rose, ce sont des fleurs qui disent quelq'chose
Mais pour aimer les coquelicots...

Moi, je les aime, les coquelicots, ces fleurs humbles que l'on ne peut acheter, que l'on ne peut vendre, qui dépérissent aussitôt que disposées en bouquet, même si l'on a pris la peine, comme certains disent qu'il faut le faire, de brûler l’extrémité de leurs tiges pour les conserver plus longtemps.

Je les aime dans les prés, dans les champs de blé, seuls ou ponctués de bleuets, j'aime leur présence éphémère dans nos paysages comme ils l'étaient déjà dans mon enfance à la campagne. Je n'ai qu'un souvenir qui leur soit lié. C'était au Barroux, au pied du Ventoux, ou dans l'un des villages tout proches. Nous avions loué un gîte. Au détour d'une promenade, un champ rouge vif: la fleur supplantait presque le vert intense de l'herbe. La lumière n'était pas bonne pour une photographie, trop tard le soir. Demain, me dis-je, demain, je reviendrai. Je suis revenu: le champ avait été fauché.

dimanche 9 juin 2013

Agnès

Stéphane m'a appris, ce soir, la mort d'une collègue du lycée, Agnès, professeur de lettres comme moi, et que je connaissais depuis très longtemps. Elle a été renversée par une voiture alors qu'elle circulait à vélo avec son mari dans le Doubs, je crois.

Agnès, de peu d'années plus âgée que moi, devait prendre sa retraite en même temps que moi, fin juin. La dernière fois que je l'ai vue, c'était à la pré rentrée en septembre où, plutôt que de rester à écouter les discours ennuyeux de ceux qui nous gouvernent, elle était venue avec nous prendre un café à l'Espace, place Bellecour.

Elle aimait beaucoup la bicyclette et en avait même fait un livre, que j'ai lu il y a longtemps et qui m'avait touché, beaucoup plus que celui, verbeux, d'un autre collègue, qui, récemment, a obtenu un prix littéraire.

On peut dire que c'était une originale, une vraie littéraire aussi, à la culture solide. Une petite femme brune, à la voix un peu éraillée par la cigarette, aux yeux et au verbe malicieux, au sens de la provocation intelligente. C'est d'ailleurs ce dernier aspect d'elle qui me l'avait fait aimer, alors que nous ne travaillions pas ensemble. Adieu, Agnès. Je sais à qui je penserai au jour du départ de là-haut.

La Petite Trotteuse

Le billet précédent m'a été inspiré par la lecture de ce roman de Michèle Lesbre, La Petite Trotteuse. J'avais été très impressionné par la venue de cette femme, un soir sur le plateau de La Grande Librairie. Il est rare de rencontrer des écrivains aussi habités par leurs écrits et j'avais envie de lire quelque chose d'elle.

La Petite Trotteuse ne m'a pas déçue. D'abord par le style, sobre, voire dépouillé mais qui, justement, arrive par là, mieux que de longs discours ou d'interminables analyses, à exprimer tous les méandres de ce personnage tourmentée à la recherche de sa vérité, à la conquête de son identité enfin libérée du poids d'un lourd passé.

Tout cela est sans doute un peu abstrait et mal exprimé de ma part, mais je ne peux raconter le livre (j'allais employer le mot "intrigue" mais il n'y en a pas) sans en déflorer l'intérêt. Chaque maison visitée, la dernière surtout,  lui permet de remettre en ordre ce passé, de l'éclairer d'une autre lumière, jusqu'au sacrifice final de la montre du père.

Beau livre, oui. Je reviendrai lire les mots de Michèle Lesbre.

( Michèle Lesbre, La Petite Trotteuse. Ed. Gallimard)

samedi 8 juin 2013

Permanence des mythes

Les Romains, outre leur Panthéon bien connu, croyaient en une infinité de petites divinités dont chacune, plus proches des humains, avait une spécificité bien à elle.

Chaque homme avait son "genius" (génie, appelé "Juno" pour les femmes) qui le protégeait, veillait sur lui et restait le compagnon intime de sa vie. Le genius sait tout, voit tout de son protégé, à l'image de cet ange gardien dont me parlait ma grand-mère, et meurt avec lui. Le mortel était tenu, à chacun de ses anniversaires, de célébrer son genius, représenté souvent, sur le laraire, une corne d'abondance à la main.

Les Manes (de "manus,a,um": bon, gentil) étaient des esprits protecteurs, en fait les âmes des défunts de la famille qui, à l'origine, les enterrait sous le sol de la maison pour bénéficier de leur bienveillance. On déposait souvent sur le lararium des offrandes à eux destinées et, lorsque l'on gravait une stèle funéraire, on prenait garde d'y inscrire leurs deux initiales en majuscules: D.M.

Dans les divinités traditionnelles du foyer, il y avait aussi les Pénates que l'on rejoint encore aujourd'hui après quelque agape extérieure. Ce sont les dieux "fournisseurs" (de "penus": provisions de bouche), qui s'occupent de fournir symboliquement la nourriture à la maisonnée, ainsi que de veiller à son confort et à sa prospérité.  Associés à Vesta, la déesse du foyer qui veille sur le feu sacré dont la présence rappelle le pouvoir des dieux et garantit l'unité de la famille, ils sont confiés, lorsque la famille déménage, au paterfamilias qui est chargé de les mener à bon port jusqu'à la nouvelle demeure. Un tableau de Federico Barocci montre Enée, au moment de sa fuite de Troie, les confiant à son père Anchise qu'il porte sur le dos pendant que Iule se lamente à ses pieds.

Dernière, et non des moindres, divinité familiale, le Lare. A l'origine dieu protecteur des récoltes chez les Étrusques (de "lars": le chef), il devient, à Rome, le gardien de la maison. que, contrairement aux Pénates, il ne quittera jamais. Il bénéficie d'un lieu spécifique dans la domus: le lararium (laraire), sorte de "chapelle" privée avec autel et foyer, où sont abritées les statuettes des divinités tutélaires. Il y est honoré selon des rites sacrés. Chaque jour, par exemple, le maître de maison lui fait une libation en répandant un peu de vin sur son autel et en y déposant différentes offrandes comme de l'encens, des couronnes fleurs et de la nourriture prélevée sur le repas quotidien. Le jour de sa majorité, le jeune romain offre au Lare, en la lui passant autour du cou, sa "bulla", gros médaillon rond contenant des amulettes et reçue au moment de l'équivalent de son "baptême, au "dies lustricus" (jour de purification, se situant neuf jours après la naissance du garçon). Un auteur latin célèbre (j'ai oublié lequel) conseille à chaque homme, le soir venu, de faire plusieurs fois le tour de cet autel pour bénéficier d'une nuit sereine. (N'est-ce pas, plus ou moins, ce que je fais chaque soir chez moi avant de me coucher ?).

J'ai repensé à tout cela en lisant le roman de Michèle Lesbre, La Petite Trotteuse, où une jeune femme passe son temps à visiter des maisons à vendre, à la recherche de ses propres souvenirs pourtant vécus ailleurs. Intruse dans cet univers, elle y ressent encore, comme je le ressens chaque fois que je pénètre dans un lieu inconnu autrefois habité (la maison de Paulette par exemple), la présence de ceux qui y ont vécu, souffert ou joui. Comme si la maison avait été imprégnée à tout jamais de ceux qu'elle avait protégés, comme si chaque maison était, elle aussi, un être vivant se souvenant. N'est-ce pas la preuve de la permanence aujourd'hui de ce Lare que les Romains vénéraient tant ?

vendredi 7 juin 2013

Une soirée au concert

Hier, c'était concert, avec Jean-Claude, le marquis, Frédéric et "belle-maman". L'Auditorium étant en travaux, c'est à la Bourse du travail, dont je ne dirai jamais assez la qualité de l'acoustique, que le spectacle fut donné. Au programme, Pelléas et Mélisande de Fauré, Symphonie concertante pour hautbois et cordes de Jacques Ibert, variations pour hautbois et orchestre de Hummel et Symphonie n°4 (La Tragique) de Schubert. Tout ça interprété par l'Orchestre national de Lyon. Solistes hautbois: Jérôme Guichard et François Leleux. Direction: Fr. Leleux.

Excellent concert. Le Fauré ressemblait à du Fauré. Je ne connaissais pas la symphonie de Ibert et la virtuosité du hautboïste m'a estomaqué, tout comme celle de son collègue dans les Variations de Hummel (que, là, je connais par cœur.) Quant à Schubert, je l'ai écouté avec une autre oreille, surpris d'y découvrir tant de passages modernistes, bien loin de la Truite ressassée.

A côté de moi, l'ancien directeur du regroupement d'établissements où je travaille. Heureux de le voir, lui qui, alors que j'étais au Conseil d'Administration, avait d'abord été refusé par la tutelle dans cette fonction parce que divorcé et surtout, péché irréparable, remarié. Ce qui m'avait donné l'occasion de passer du stade d'auditeur sage et attentif de mes débuts dans ce Conseil à grande gueule ignorant volontairement la langue de bois.

Et puis, en pénétrant dans cette salle, j'ai repensé à la dernière fois où j'y étais allé, avec Kicou, dont ç'avait été le dernier spectacle avant qu'elle n'entre aux urgences puis en soins palliatifs, quelques jours avant sa mort.

Ensuite petit repas tranquille chez Chacha, tout proche, dans la douceur d'une nuit de juin comme on les imagine.

jeudi 6 juin 2013

Sensiblerie

Dans un mois, ce sera fait. J'ai beau, consciemment, en être ravi, il me vient fréquemment, en ce moment, une sorte de vulnérabilité des sens qui, chaque fois qu'elle m'assaille, lorsque je suis seul, me laisse tout pantois. Mon inconscient me joue trop souvent le coup de "la dernière fois'".

Face aux troncs des arbres, qu'Hélène m'a dit contempler souvent elle aussi pour se ressourcer, des géants qui disparaissent un à un des hauteurs du parc parce que trop vieux, dangereux. Devant le  plan d'acanthes et les roses trémières, ou le bouquet de coquelicots contre le mur au soleil.

Face aux vieux bureaux des classes défraîchies, à l'alignement un peu de guingois après le départ des élèves. Devant le placard dont j'ai seul la clé et qui est encore rempli de mon monde.Qui s'en servira une fois que je ne serai plus là ? Dans le couloir dont le sol imprime le reflet des fenêtres ensoleillées.

Face à la vue sur Lyon, à l'est s'étendant jusqu'aux massifs des Alpes et à mes pieds déroulant ses toits serrés de tuiles romaines.  Devant la façade, autrefois recouverte de vigne vierge, où le soleil joue certains soirs, sa meilleure symphonie.

Bientôt sera le jour où je donnerai un dernier tour de clé, où je quitterai la vue, et l'odeur, et le bruit qui m'ont accompagné depuis tant d'années. Alors, bien vite, je retourne jouer avec mes petits camarades. Eux seront là encore longtemps.

Les pauvres....

mercredi 5 juin 2013

L'Oiseau Canadèche

Après le pavé, un tout petit roman, le temps que mes mains se décrampent! Lu en une journée, pendant que mes élèves grattaient des textes à la valeur littéraire qui me laissera chancelant de bonheur lorsque je corrigerai leurs copies: L'Oiseau Canadèche, de Jim Dodge. C'est gentil, c'est mignon et complètement déjanté, une histoire d'un grand-père, de son petit-fils et d'un canard atypique. Juste ce qu'il me fallait à ce moment-là. (La postface est nulle!)

( Jim Dodge, L'Oiseau Canadèche. Ed. 10/18. Trad. de Jean-Pierre Carasso.)

Mémoire(s)

Travail de la mémoire. Souvenir partagé, mais différent. L'essentiel, c'est de l'avoir en commun. Kicou était dans la salle des professeurs. Nous étions quelques-uns, assis, des amis, entre nous. Elle debout remontait son collant d'une façon grotesque, pour nous faire rire. La directrice était apparue dans son dos. Nous la voyions, elle pas. Elle continuait son numéro de cirque. Après, le rouge aux joues, de la honte, mais toujours la réplique pour se sortir de l'ornière.

Hélène et moi partageons cette image d'une Kicou telle qu'on l'a aimée, clown débordant de vitalité. Je me souviens du coin fauteuils, dans la grande salle, au-dessous des panneaux d'emplois du temps. Hélène situe la scène dans la salle fumeurs, de l'autre côté du local. Elle la revoit, je la revois. La même et différente. Travail de la mémoire. L'essentiel, c'est le partage.

mardi 4 juin 2013

Dans la main du diable

FINI ! Enfin! l'énorme pavé d'Anne-Marie Garat, Dans la main du diable. Enfin parce que, même si le roman est intéressant, 1300 pages, ça commençait à être bigrement long! Je ne connaissais pas cet auteur qui est pourtant publiée depuis près de trente ans. Étrange écriture, très proche de celle des grands du XIX° siècle, où rien ne nous est épargné, ni la description des lieux de l'intrigue, ni l'analyse prolongée des sentiments éprouvés par les différents personnages. Moi qui aime la concision, là, j'ai été servi !

L'histoire se déroule principalement à Paris, à la fin de l'année 1913 et s'achève à la déclaration de la première guerre mondiale. Une jeune femme, après la disparition de l'homme qu'elle aimait, doute de la réalité de sa mort, et décide d'enquêter sur le mystère qui entoure cette disparition. Ce qu'elle va découvrir dépasse largement ce à quoi elle aurait pu légitimement s'attendre et le secret si bien gardé se révélera finalement être un secret-défense. En dire plus serait déflorer l'intérêt de cette œuvre foisonnante que j'ai failli lâcher plusieurs fois mais que je ne regrette pas d'avoir lue jusqu'au bout.

Si cela vous dit, armez-vous de patience et d'un bon coussin pour caler dans le lit le volume un peu trop lourd. Et ne vous laissez pas rebuter par la niaiserie du titre.

( Anne-Marie Garat, Dans la main du diable. Ed. Actes sud.)

Préfaces

Faut-il lire les préfaces ? Question un moment abordée hier après-midi dans une émission de France-Inter. Pour ma part, je ne les lis que si elles sont extrêmement courtes, tant mon envie d'entrer dans le roman est pressante, beaucoup plus que ce que peut en dire un autre, fût-il une célébrité. Mais, dans ces cas-là, est-ce la peine ? Elles ne font en général qu'encenser l'auteur et développer, et encore!, ce que dit déjà la quatrième de couverture.

Si elles sont longues, soit elles déflorent l'intérêt du roman, la découverte progressive que l'on en a en ne les lisant pas, soit elles paraissent très vite extrêmement ennuyeuses tant celui qui les a commises semble sûr de sa lecture et nous abreuve de sa science dont le côté pointu ne peut nous intéresser puisque nous n'avons pas encore lu le roman.

Parfois, je les lis après le roman. Mais là, un autre danger guette: le livre suivant, qui attend patiemment son tour, tout près du lit et que l'on entend déjà (si, si, je vous assure) se plaindre doucement en répétant inlassablement "Et moi ? et moi ? et moi ?". Je ne lui résiste jamais longtemps. Et ne m'en trouve pas plus mal.

dimanche 2 juin 2013

Rien (mais tellement plus)

Il était une fois un gentil petit blogueur qui voulait raconter son week-end, dire comme il avait été heureux de ci ou de ça, avec celui-ci ou avec ceux-là. Mais finalement, le bien-être, est-ce que ça peut se raconter ? Alors le susdit Calyste n'en va rien faire, d'autant plus qu'il lui reste trente pages à lire de son pavé de 1300  et que ça, ça presse, parce qu'il a vraiment envie de passer à autre chose !

Alors, merci à tous ceux qui ont contribué à faire de ces deux jours un vrai moment de détente, et bonne nuit, même aux autres.

( Pour le titre, ne vous inquiétez pas, je ne me prends pas pour Louis XVI !)

Histoire d'amitié

Mes roses, leurs pivoines.  



 Mon salon, le leur.

 

Merci pour cet après-midi.